Livre Blanc

L’Eco-conception de services numériques

Introduction

Les chiffres du numérique qui datent déjà de 2019 (Étude de GreenIT.fr «Empreinte environnementale du numérique mondial« ) sont clairs, le secteur est loin d’être « green » :

• 34 milliards d’équipements informatiques (smartphones, ordinateurs, enceintes connectées, etc.) pour 4,1 milliards d’utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur ;
• 3,8 % des émissions de gaz à effet (GES) de serre au niveau mondial, ce qui équivaut à peu près à l’empreinte carbone mondiale de l’aviation ;
• 4,2 % de la consommation d’énergie primaire ;
• 5,6 % de la consommation d’électricité ;
• Entre 59 % et 84 % des impacts du numérique mondial viennent des équipements des utilisateurs.
• Si le numérique était un pays, il aurait environ 2 à 3 fois l’empreinte environnementale de la France.

De plus, selon les différentes projections, le numérique pourrait représenter rapidement 8 % des émissions de gaz à effet de serre en 2025. En particulier car les nouvelles technologies, en particulier l’IA et la Blockchain, sont extrêmement gourmandes en ressources. En termes d’ordre de grandeur, 8% représente à peu près les émissions mondiales du secteur automobile.

Il devient donc crucial d’avoir une approche plus rationalisée du numérique en particulier là où c’est possible et pas trop compliqué, à savoir en priorité son usage !

L’éco-conception, une simple tendance ou un vrai changement ?

L’éco-conception est souvent perçue comme une tendance émergente, portée par la vague grandissante de l’écologie et de la prise de conscience environnementale. Cependant, réduire l’éco-conception à une simple mode serait sous-estimer son potentiel révolutionnaire. Bien que son adoption actuelle puisse sembler timide ou dérisoire, il est impératif de reconnaître l’éco-conception pour ce qu’elle devrait réellement être : un changement profond et durable dans notre manière de concevoir, produire, et consommer. Chaque individu, entreprise, et institution a un rôle crucial à jouer dans cette transformation. 

Il ne s’agit pas seulement d’adopter des alternatives écologiques lorsque cela est pratique ou en vogue, mais de s’engager dans une démarche de responsabilité et de durabilité à long terme. L’éco-conception doit évoluer d’une tendance passagère à un pilier fondamental de notre société, guidant nos choix et nos innovations vers un avenir plus responsable. Ce passage à une réelle éco-conception exige de tous un engagement actif, une remise en question de nos habitudes, et une volonté d’adopter des pratiques qui soutiennent la santé de notre planète pour les générations actuelles et futures.

Cette prise de conscience s’est d’ailleurs déjà traduite en norme à travers la loi du 15 novembre 2021 (dite loi REEN) visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France.  Cette loi interdit entre autre :

• Aux fabricants de rendre impossible la restauration de l’ensemble des fonctionnalités d’un terminal réparé ou reconditionné ;
• Les techniques empêchant le consommateur d’installer les logiciels ou les systèmes d’exploitation de son choix sur son appareil au bout d’un délai de deux ans.

La loi REEN oblige toutes les collectivités de plus de 50.000 habitants à établir une stratégie numérique responsable. L’éco-conception est donc devenu un des critères de décision des appels d’offres publics.